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Par Fragles le 26 Juin 2007 à 20:36
A woman waits for me
Une femme m'attend
Une femme m'attend, elle contient tout, rien n'y manque ;
Mais tout manquerait, si le sexe n'y était pas, et si pas la sève de l'homme qu'il faut.
Le sexe contient tout, corps, âmes,
Idées, preuves, puretés, délicatesses, fins, diffusions,
Chants, commandements, santé, orgueil, le mystère de la maternité, le lait séminal,
Tous espoirs, bienfaisances, dispensations, toutes passions, amours, beautés, délices de la terre,
Tous gouvernements, juges, dieux, conducteurs de la terre,
C'est dans le sexe, comme autant de facultés du sexe, et toutes ses raisons d'être.
Sans douté, l'homme, tel que je l'aime, sait et avoue les délices de son sexe,
Sans doute, la femme, telle que je l'aime, sait et avoue les délices du sien.
Ainsi, je n'ai que faire des femmes insensibles,
Je veux aller avec celle qui m'attend, avec ces femmes qui ont le sang chaud et peuvent me faire face,
Je vois qu'elles me comprennent et ne se détournent pas.
Je vois qu'elles sont dignes de moi. C'est de ces femmes que je veux être le solide époux.
Elles ne sont pas moins que moi, en rien ;
Elles ont la face tannée par les soleils radieux et les vents qui passent,
Leur chair a la vieille souplesse divine, le bon vieux ressort divin ;
Elles savent nager, ramer, monter à cheval, lutter, chasser, courir, frapper, fuir et attaquer, résister, se défendre.
Elles sont extrêmes dans leur légitimité, - elles sont calmes, limpides, en parfaite possession d'elles-mêmes.
Je t'attire à moi, femme.
Je ne puis te laisser passer, je voudrais te faire un bien ;
Je suis pour toi et tu es pour moi, non seulement pour l'amour de nous, mais pour l'amour d'autres encore,
En toi dorment de plus grands héros, de plus grands bardes,
Et ils refusent d'être éveillés par un autre homme que moi.
C'est moi, femme, je vois mon chemin ;
Je suis austère, âpre, immense, inébranlable, mais je t'aime ;
Allons, je ne te blesse pas plus qu'il ne te faut,
Je verse l'essence qui engendrera des garçons et des filles dignes de ces Etats-Unis ; j'y vais d'un muscle rude et attentionné,
Et je m'enlace bien efficacement, et je n'écoute nulles supplications,
Et je ne puis me retirer avant d'avoir déposé ce qui s'est accumulé si longuement en moi,
A travers toi je lâche les fleuves endigués de mon être,
En toi je dépose un millier d'ans en avant,
Sur toi je greffe le plus cher de moi et de l'Amérique,
Les gouttes que je distille en toi grandiront en chaudes et puissantes filles, en artistes de demain, musiciens, bardes ;
Les enfants que j'engendre en toi engendreront à leur tour,
Je demande que des hommes parfaits, des femmes parfaites sortent de mes frais amoureux ;
Je les attends, qu'ils s'accouplent un jour avec d'autres, comme nous accouplons à cette heure,
Je compte sur les fruits de leurs arrosements jaillissants, comme je compte sur les fruits des arrosements jaillissants que je donne en cette heure.
Et je surveillerai les moissons d'amour, naissance, vie, mort, immortalité, que je sème en cette heure, si amoureusement.Traduction Jules Laforgue
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Par Fragles le 22 Juin 2007 à 20:43
That shadow my likeness
That shadow my likeness that goes to and fro seeking a livelihood, chattering, chaffering,
How often I question and doubt whether that is really me;
But among my lovers and caroling these songs,
O I never doubt whether that is really me.
(1860)
Cette ombre, mon image...
Cette ombre, mon image, qui va et vient pour gagner sa vie, qui bavarde et barguigne,
Combien de fois je me surprends à m'arrêter pour la regarder qui volette,
Combien de fois je me demande si elle est réellement moi et j'en doute,
Mais au milieu de mes amants et lorsque je chante ces chants,
Oh, je ne doute jamais que ce ne soit réellement moi.
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Par Fragles le 16 Juin 2007 à 15:59
Of the terrible doubt of appearances
Of the terrible doubt of appearances,
Of the uncertainty after all, that we may be deluded,
That may-be reliance and hope are but speculations after all,
That may-be identily beyond the grave is a beautiful fable only,
May-be the things I perceive, the animals, plants, men, hills,
shining and flowing waters,
The skies of day and night, colors, densities, forms, may-be
these are (as doubtless they are) only apparitions, and the
real something has yet to be known,
(How often they dart out of themselves as if to confound me
and mock me!
How often I think neither I know, nor any man knows, aught
of them),
May-be seeming to me what they are (as doubtless they indeed
but seem) as from my present point of view, and might prove
(as of course they would) nought of what they appear, or
nought anyhow, from entirely changed points of view;
To me these and the like of these are curiously answer'd by
my lovers, my dear friends,
When he whom I love travels with me or sits a long while holding
me by the hand,
When the subtle air, the impalpable, the sense that words and
reason hold not, surround us and pervade us,
Then I am charged with untold and untellable wisdom, I am
silent, I require nothing further,
I cannot answer the question of appearances or that of identity
beyond the grave,
But I walk or sit indifferent, I am satisfield,
He ahold of my hand das completely satisfield me.
(1860)
Du terrible doute des apparences
Du terrible doute des apparences,
De l'incertitude en définitive, que nous pouvons être trompés,
Que peut-être la confiance et l'espoir ne sont en définitive que des
spéculations,
Que peut-être la survie de l'individualité au-delà du tombeau
n'est qu'une belle légende,
Que peut-être les choses que je perçois, les animaux, les plantes,
les hommes, les montagnes, les flots qui brillent et coulent,
Le ciel le jour et la nuit, les couleurs, les densités, les formes, que
peut-être toutes ces choses sont ( et sans aucun doute elles le
sont) de simples apparitions, et qu'il nous reste à connaître ce
qui est réel,
(Que de fois elles s'élancent hors d'elles-mêmes comme pour me
confondre et se moquer de moi!
Que de fois il m'arrive de penser que ni moi ni personne d'autre
ne savons rien d'elles,)
Peut-être ne me semblent-elles ce qu'elles sont (comme sans aucun
doute elles ne font en vérité que sembler) qu'en raison de mon
point de vue actuel, et peut-être se révéleraient-elles (comme
naturellement ce serait le cas) en rien semblables à ce qu'elles
paraissent être, ou même comme n'étant rien du tout, si je
partais de point de vue entièrement différents;
Pour moi ces questions et leurs pareilles trouvent curieusement
leur réponse dans mes amants, mes chers amis,
Quand celui que j'aime voyage avec moi ou reste longtemps assis
en me tenant la main,
Quand l'air subtil, l'impalpable, le sens que ni les mots ni la raison
ne contiennent, nous enveloppent et nous pénètrent,
Alors je suis chargé d'une sagesse jamais encore exprimés et
inexprimable, je me tais, je ne demande rien de plus,
Je ne peux répondre à la question des apparences, ni à celle de
la survie de l'individualité au-delà de la tombe,
Mais je me promène ou reste là, indifférent, je suis satisfait,
Celui qui me tient la main, m'a complètement satisfait.
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Par Fragles le 16 Juin 2007 à 15:24
Poets to come
Poets to come! orators, singers, musicians to come!
Not to-day is to justify me and answer what I am for,
But you, a new brood,native, athletic, continental, greater than
before known,
Arouse! For you must justify me.
I myself but write one or two indicative words for the future,
I but advance a moment only to wheel and hurry back in the
darkness.
I am a man who, sauntering along without fully stopping, turns a
casual look upon you and then averts his face,
Leaving it to you to prove and define it,
Expecting the main things from you.
(1860)
Poètes à venir
Poètes à venir! Orateurs, chanteurs, musiciens à venir!
Ce n'est pas aujourd'hui qui doit me justifier et dire pourquoi je
suis.
Mais vous, race nouvelle, née de ce sol, athlétique, continental,
la plus grande de toutes,
Levez-vous! Car il est de votre devoir de me justifier.
Je n'écris moi-même qu'un ou deux mots à titre d'indication pour
l'avenir,
Je ne m'avance qu'un instant et puis fais demi-tour et retourne
en hâte vers les ténèbres.
Je suis un homme qui, flânant çà et là sans jamais s'arrêter tout
à fait, jette âr hasard le regard sur vous et puis détourne le
visage,
Vous laissant le soin de poser et de résoudre le problème,
Attendant de vous l'essentiel.
(traduction Roger Asselineau)
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Par Fragles le 16 Juin 2007 à 15:04
O Hymen! O Hymenee !
O hymen! O hymenee! why do you tantalize me thus?
O why sting me for a swift moment only?
Why can you not continue? O why do you now cease?
Is it because if you continued beyond the swift moment you
would soon certainly kill me?
(1860)
O hymen! O hyménée!
O hymen! O hyménée! pourquoi me torturer de la sorte?
Oh, pourquoi m'aiguillonner pendant un si bref instant ?
Pourquoi ne peux-tu pas continuer? Oh, pourquoi t'arrêtes-tu
maintenant?
Est-ce-que, si tu continuais un-delà du bref instant, tu me
tuerais bientôt infailliblement?
(traduction Roger Asselineau)
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